• Chapitre 15 (partie 2)

    Alexandre fait les cents pas devant la porte de l'infirmerie. Sophie, qui est assise sur une chaise le suit du regard, inquiète, incapable de le rassurer ou de se rassurer elle-même. L'attente est longue. Cela fait bientôt une heure qu'Espérance a été admise à l'infirmerie et il n'y a toujours aucune nouvelle d'elle. Des bruits de pas se font entendre derrière la porte. Alexandre s'arrête de marcher et ils regardent tout les deux la porte comme si leur vie en dépendait. La porte s'ouvre. L'infirmière apparaît et leur fait signe d'entrer. Personne ne parle. Ils entrent. Devant eux un lit, et dans ce lit, le corps pâle d'Espérance. Les deux adolescents s'approchent du lit. Alexandre regarde le visage d'Espérance, une expression paisible sur son visage qu'il ne lui connaissait  pas. Il pose sa main sur celle d'Espérance. Elle est tiède. Il pousse un soupir de soulagement avant de dire:

    "Elle dort."

    Sophie sourit puis se tourne vers l'infirmière qui jusqu'à présent était restée en retrait.

    "-Va-t-elle dormir encore longtemps?

    -Normalement, elle devrait se réveiller dans les prochaines heures.

    -Je vois.

    -Il serait préférable que vous retourniez en cours.

    - Aucun de nous deux ne peux rester? Ajoute Alexandre sans se retourner.

    -Je comprends votre inquiétude, mais... elle s'arrête et regarde tour à tour les deux adolescants. Elle  soupire:

    "-Seul l'un de vous pourra rester.

    -Reste, déclare alors Sophie à Alexandre.

    -Merci." Répond ce dernier, reconnaissant.

    Sophie se lève et se dirige vers la sortie. L'infirmière avance une chaise pour Alexandre avant de quitter la pièce. Il s'y assoit serrant la main d'Espérance.

    Tout n'est plus que silence, froid, tout est noir, je ne sens plus mon corps. Alors c'est ça la mort? Une errance éternelle dans un endroit vide qui rendrait fou n'importe quelle personne saine d'esprit. C'est un sommeil éternel sans rêves... Je sens quelque chose... Quelque chose de chaud...Je sens ma main enveloppée d'une étrange chaleur. Je ne suis pas morte. Les bruits légers d'une respiration remplacent peu à peu le silence. La douleur de mon poignet efface brutalement la chaleur de ma main. L'obscurité qui m'enveloppait se transforme en une lumière aveuglante. Ma vue est trouble. Je perçois tout de même une silhouette. Elle se penche, elle dit mon prénom. J'ai l'impression d'être dans de l'eau. Les sons et les contours deviennent plus nets. Je finis par reconnaître la silhouette. C'est celle d'Alexandre. Je regarde autour de moi et je reconnais sans difficulté l'infirmerie. Mon regard se pose à nouveau sur Alexandre:

    "Je suis encore en vie."

    Il me regarde comme si j'étais une imbécile avant de répondre:

    "A t'entendre, on dirait que c'est une mauvaise nouvelle.

    -J'aurais préféré mourir.

    -Imbécile!!

    Je m'apprête à répliquer quand Alexandre me coupe en me giflant. Je reste sans voix. Je passe ma main sur ma joue encore douloureuse. Il se lève.

    "Si tes parents t'ont donné la vie, ce n'est pas pour la gaspiller inutilement!! Je vais prévenir Sophie que tu vas mieux. Elle s'inquiète plus pour toi que toi apparemment."

     Il se dirige vers la porte. Malgré mon corps encore douloureux je me lève en silence, fais quelques pas et trébuche. Je ferme les yeux pour ne pas voir ma chute, mais elle est comme suspendue. Lorsque je rouvre les yeux, je comprends, Alexandre m'a rattrapée in extremis. Je me relève et il me lâche.

    "Retourne te reposer tu es trop faible."

    Je ne lui laisse pas le temps de continuer et me mets à son niveau pour lui rendre la gifle qu'il m'a donnée un peu plus tôt.

    "Qui est faible?"

    Je me retourne et repars vers le lit. Je murmure un "merci" suffisamment fort pour qu'il l'entende. J'entends Alexandre quitter la pièce puis discuter avec l'infirmière sans comprendre ce qu'ils se disent.

    Un peu plus tard l'infirmière vient me voir pour me dire que je peux maintenant retourner dans ma chambre et que si je le veux, je peux retourner en cours demain mais je ne dois pas me surmener. Je sors de l'infirmerie quand j'entends Sophie m'appeler tout en courant vers moi. Je la regarde, étonnée. Pourquoi est-elle là? J'entends une autre personne arriver derrière elle. C'est Alexandre, avec une belle marque rouge sur la joue. Je ne peux m'empêcher de rire. Sophie me regarde, l'air ahuri:

    "J'ai raté quelque chose?"

    Je lui fait signe de regarder le visage d'Alexandre. Elle reprend:

    "Ah! Ça, il refuse de me l'expliquer. Tu sais quelque chose?

    "Quelqu'un qu'il avait jugé trop faible l'a remis à sa place. Sinon que faites-vous ici?"

    Sophie sourit:

    "A partir d'aujourd'hui on ne te lâche plus d'une semelle! Ordre du professeur!"

    Je les regarde tour à tour. Ma réaction semble être assez drôle car Alexandre c'est mis à rire comme un enfant. Un fou rire contagieux puisque Sophie se met à rire à son tour. Alexandre ajoute:

    " Tu vois, tous le monde s'inquiète pour toi, alors reprend toi."

    Je souris et dis à mi-voix:

    "Oui..." 

     


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